complices, gloria friedmann et karen de loisy ont rassemblé des œuvres laconiques pour dire la vie précieuse, la violence et l’inattendu.
pour l’une et l’autre, il s’agit d’abréger les signes pour aller au plus vite vers le but : admirer ou redouter, sourire ou s’effrayer des situations dans lesquelles les circonstances nous précipitent. selon elles, inutile d’en dire plus : l’énigme du bien et du mal, les incertitudes que les sociétés ou les circonstances provoquent, la grâce ou les désastres, ou simplement l’absurde, solaire comme une banane ou ténébreux comme un trait de fusain sont les matériaux de leurs œuvres.
ainsi les dessins de gloria friedmann sont tenus à un fil, à peine assurés dans l’espace par des attaches précaires. dans les scènes qu’ils décrivent, les personnages ou les plantes dont on découvre les ombres sont vulnérables. si littéralement leur destin est suspendu aux aléas des événements auxquels l’artiste les expose, ce n’est pas le futur qui est en question, mais la force cruciale de l’instant.
les photographies et les vidéos de karen de loisy sont de brefs poèmes qui disent et la lutte et la grâce, là, enchevêtrées par les caprices du destin. elle nous le suggère par d’infimes détails : le vent qui agite les brins d’une herbe vigoureuse bien que poussée entre deux pierres, des fleurs de pommiers exubérantes dans une cité à romainville, une corolle inattendue qui s’évase dans l’aride.