les adoptés est une exposition collective réunissant sept artistes travaillant à partir d’images préexistantes. Chacun se distingue par son parcours comme par son traitement de
l’image.
Au terme de « réappropriation » nous préférons celui d’« adoption ». Thomas Sauvin raconte que, dans un entretien, l’artiste espagnol Joan Fontcuberta s’agace : pourquoi comparait-on systématiquement sa démarche à une réappropriation ? Dirait-on à de jeunes parents ayant adopté un enfant qu’ils se le sont « approprié » ?
Ces artistes, amateurs ou professionnels, dont nous présentons le travail offrent une seconde vie aux images. Qu’elles soient issues de leur album familial, chinées au marché aux puces, achetées
par milliers en Chine ou traquées chez les vendeurs spécialisés ces photographies vivent de nouvelles aventures qui, loin de renier leur identité originale, l’enrichissent. Elles permettent aussi de s’interroger. À l’heure où tant d’images sont produites, ce travail proche du recyclage ne relève-t-il pas finalement d’une éthique irréprochable ? N’est-ce pas une façon de faire vivre un patrimoine ?
les adoptés sont comme une suite de films montés par ces artistes à partir d’images tournées par d’autres. Ce sont des propositions de récits dans lesquels la psychanalyse s’invite autant que l’humour, l’Histoire comme la tendresse.
wallet treasures, Thierry Struvay
Thierry Struvay parcourt les marchés aux puces depuis plus de trente ans afin d’y dénicher des photographies intimes et abandonnées. Son exposition ME vient de rencontrer un vif succès chez le galeriste belge Sébastien Janssen. Pour être toujours proche de l’objet de leur affection, nombreux sont ceux qui en conservent une photographie dans leur portefeuille. Thierry Struvay a rassemblé ces images tant aimées qu’elles en sont parfois altérées, pour ne pas dire fantomatiques.
look up look down, Inès de Bordas
Jeune commissaire, Inès de Bordas a travaillé à la Tate ainsi qu’avec les plus grands marchands de photographies. Plongées, contre-plongées... elle nous invite à regarder le monde d’un point de vue nouveau.
Sa sélection d’images induit un changement de perspective inattendu.
l'élégance du raisonnement, Thomas Sauvin
Thomas Sauvin est probablement le plus grand collectionneur au monde de photographie vernaculaire chinoise, reconnu par Martin Parr comme l’un des génies de la photographie contemporaine.
Il propose ici sa relecture de documents scientifiques flirtant avec l’abstraction. Ceux-ci racontent par ailleurs, à leur façon, la plus grande crise économique vécue par la Chine.
photogenetic drafts, Joachim Schmid
Représenté par Alain Gutharc, Joachim Schmid fut le premier artiste à se spécialiser en Photographie vernaculaire. Il a exposé ses séries dans le monde entier. Dans ce travail mythique de 1991, réalisé partir d’archives d’un grand studio de portraits allemand, deux moitiés de visages se complètent pour donner naissance à une nouvelle Identité.
repetitive scenes, Katrien De Blauwer
Représentée pas la Galerie Les Filles du Calvaire, elle se décrit comme « Photographer without a camera ». À travers ses collages, Katrien De Blauwer adopte le statut d’intermédiaire neutre entre l’autobiographie et l’anonymat.
Ses collages associent avec poésie papiers recyclés et fragments de photographies trouvées dans des magazines.
blind, tabula rasa editions & crossing over, John Stezaker
Lauréat de la Deutsche Börse et figure majeure de la photographie contemporaine, John Stezaker travaille ses images trouvées en utilisant principalement le pliage et le découpage. blind est l’illustration parfaite de sa démarche. Un pli placé à la hauteur du regard perturbe drastiquement le portrait d’une femme.
Ses deux livres d’artiste que nous présentons, entièrement fait à la main, sont respectivement limités à six et dix exemplaires.
i'm google, Dina Kelberman
L’artiste américaine Dina Kelberman explore l’imagerie infinie du web. Le projet i'm google est composé d’images capturées sur l’incontournable moteur de recherche. Une image en amène une autre. Elles se suivent, quasi identiques, et pourtant l’histoire évolue.
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