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GÉRARD TRAQUANDI
PHOTOGRAPHE


exposition du 7 octobre au 31 décembre 2011


« Je me suis lancé dans une aventure qui pouvait passer pour un néopictorialisme. En réalité, ce que je voulais faire était exactement le contraire du pictorialisme. Au XIX°s., les Pictorialistes essayaient de ramener la photographie dans le champ de la peinture par l’adjonction d’une texture. Mais aujourd’hui, le problème n’est plus là, l’habitude de la photographie est si grande qu’on oublie complètement le sens du mot «photo-graphier» et je voulais retrouver le sens initial de graphie de la lumière ».

Tania Mouraud, Borderland, 2008

Gérard Traquandi, Rosiers, Porquerolles - Prise de vue 2008, tirage 2011
Résino-pigment type
123 x 99 cm
Monotype 3 exemplaires + 2 épreuves d'artiste

(...) À quoi bon le peindre si on peut le photographier : cette évidence, qui est à l’origine de ce que l’on appelle la modernité, me semble toujours pertinente. C’est de cette manière que cette aventure avec la photographie a commencé pour moi et, si elle est toujours présente dans mon atelier, elle n’a plus du tout le même statut.
Dans les années 1980, comme beaucoup de peintres, j’utilisais la photo comme information visuelle en opérant par addition et en mixant plusieurs sources, formant un tout ainsi que le disait cruellement en son temps Caspar David Friedrich, par « ravaudage ». Ces images me servaient d’aide-mémoire mais je sentais une sorte de gêne à les utiliser. Plutôt que de renforcer la mémoire visuelle, la photo a tendance à la figer. Toutes ces photos autour de moi m’encombraient. Les informations qu’elles procurent sont beaucoup plus autoritaires qu’il n’y paraît. Voilà pourquoi, au lieu d’utiliser la photographie à des fins picturales, j’ai décidé de la pratiquer en tant que telle. Séparer ces deux médiums m’a semblé plus intéressant, et finalement plus ambitieux, que de les mélanger.
À partir de là, le rôle de la photo a fonctionné à un autre niveau. La texture d’une photographie reste relativement maigre par rapport à celle de la peinture, du moins telle que je l’utilisais alors. Le fait de produire un maximum d’effet avec un minimum de matière m’a passionné et, depuis, cette économie a peu à peu irrigué tout mon travail.

(...) La résinotypie, qui est ma technique de prédilection, si belle soit-elle, n’autorise pas tout. Elle a ses limites. Ses propriétés sont telles que le sujet photographié peut être dévoré par l’effet de matière qu’offre la technique. Mes prises de vue sont déterminées par le procédé. J’ai pu rapidement constater qu’une lumière trop forte, produisant des ombres portées à la prise de vue, contribue à donner au tirage des zones noires qui brisent totalement la composition. Par ailleurs certaines textures ne permettent pas un bon rendu. En revanche cette capacité à restituer en détail la finesse de certains matériaux m’a amené à choisir des compositions de type « all over », laissant envahir la totalité de la surface par un même motif, sans arrière-plan. Ceci me permet d’utiliser la richesse du procédé en évitant toute redondance…
Comprenez bien, je n’utilise pas la résinotypie pour donner une qualité particulière à mes images, mais c’est la relation entre les deux moments de la prise de vue et du tirage qui est au cœur de mon travail. Cette prise de conscience du temps du regard et de celui de l’atelier a sans doute influencé là encore ma pratique de peintre.

Gérard Traquandi, lors d'un entretien avec Anne Cartier-Bresson (extraits)

 

voir le livre de gérard traquandi



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Mise à jour le 21.03.2019 © 2015 Juliette Gourlat