« Monory photographe et Monory peintre sont une seule et même personne, un seul et unique regard, un seul et unique mouvement : dès le déclic, c’est le tableau qui est en vue, et cela que la photographie effectivement prise, finisse par fournir ou non le substrat d’un tableau. Mais voilà, si ce que l’on voit sur les planches contact ou sur les tirages peut et doit être conçu comme un matériaux préparatoire et une archive de la peinture, il se trouve, et cela tient au photographique lui-même, que quelque chose d’autres survient : si Monory via ses photographies alimente avant tout le style documentaire de sa propre démarche, il se trouve que ce qu’il documente s’émancipe et acquiert la valeur d’un reportage que l’on peut regarder comme tel. »
Extrait du texte de Christophe Bailly
Livre édité à l’occasion de la toute première exposition de photos de Jacques Monory, à la galerie rueVisconti
Biographie sélective
Jacques Monory est né à Paris le 25 juin 1924. Il vit et travaille à Cachan, Val-de-Marne.
Après des études à l’École d’Arts Appliqués à Paris, Jacques Monory exerce et commence à exposer sa peinture tout en travaillant à mi-temps pendant 10 ans avec Robert Delpire, éditeur spécialiste de la photographie. Cette époque le plonge dans l’univers de la photo. Il y fera la connaissance d’Henri Cartier-Bresson, William Klein et Robert Frank chez qui il séjourne à New York.
Dans les années 6O, avec Rancillac, Télémaque, Erro et Klasen – peintres en opposition totale à la toute puissance abstraction et influencés par le pop Art naissant – il invente une nouvelle figuration encore appelée Figuration narrative. En 1968, la série de peinture qu’il titre Meurtre marque fortement son parcours et la critique. Cette série sera suivie des séries Velvet Jungle – Dreamtiger – Mesures – Les premiers Numéros du Catalogue Mondial des images incurables – Opéras Glacés –Technicolor – Ciels, Nébuleuses et Galaxies – Fuite – Jardinage – Métacrime – La Voleuse – Noir – Énigmes – Ex-crime – Les éléments du désastre – Baisers – Nuit – La vie imaginaire de Jonq’Erouas Cyn – Vitrines – Couleur – Abréviation du vide – Roman-photo – Tigres et peintures sentimentales (en 2010). Il travaille actuellement à une nouvelle série : Noir et Bleu.
Le travail de Monory est, depuis l'origine, une catharsis de l’angoisse de la mort, au travers de sujets cinématographiques issus de ses propres photos, de documents prélevés dans la presse, au cinéma ou la télévision, souvent traités en monochromie bleu. Ses obsessions personnelles croisant les mythes collectifs, son pessimisme passionné, sa peinture, ses films, ses textes, son ironie glacée en font un témoin pertinent de notre monde.
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