4, rue de rocroy |
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C’est lors d’une flânerie dans Tokyo que je découvris ces cahiers de dessin dépliants à la précieuse couverture de tissu doré. Je sus par la suite que l’un de leurs noms était « concertina », comme les petits accordéons, en raison sans doute de leur succession de soufflets. Cette forme de carnet appelait à d’autres gestes et idées que la page unique. Ils invitaient à une succession, des séquences, une prise en compte du temps. J’appris qu’ils étaient utilisés par les scénaristes de mangas, de bande dessinée ou de story-board. Mais rien de moins sensible à la continuité que la peinture. Il fallait se garder de toute « histoire » de toute narration tombant dans l’anecdote tout en créant une tension. La tension se fait ici par des passages, des ruptures, des disparitions et des résurgences, des surfaces qui évoquent un instant des images ou des êtres tout en les dissolvant le moment suivant. La tension étire un long dispositif de couleurs et de formes en évitant de se rendre prisonnier des plis imposés par le format alors que l’eau de l’aquarelle ou l’encre s’y nichent à loisir. Les techniques sont diverses : aquarelle, encre de stylo japonais, gouache, thé, etc. Elles interviennent en fonction de la nature des papiers qui diffèrent, de la carte au chiffon, repoussant la couleur ou l’absorbant trop complètement. C’est d’ailleurs une caractéristique de ces papiers de s’imprégner de la couleur en « remettant » la nuance voulue tout en la métamorphosant complètement au séchage. Les déconvenues sont nombreuses si l’on veut être trop volontariste. Il faut faire avec l’inconnu du devenir, lui prévoir son espace, sa liberté, sa suggestion comme si le temps qui fane intervenait tout de suite, et aller avec. Une autre série est présentée avec des papiers de format horizontal dans un carnet de délassement qui accompagne la fin d’une séance de peinture. Retour à la page unique mais avec l’expérience de vitesse des « concertina » et la loyauté d’un papier qui ne « trahit » pas la couleur, un étirement où prédomine l’idée de paysage et de mer. Yves Le Fur
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Mise à jour le
21.03.2019
© 2015 Juliette Gourlat |