L'exposition présente les 24 tirages réunis dans le portfolio des éditions Acquaviva, issus des deux séries de "Photopoems" de Jean-François Bory réalisées en 1965 et 1966, avec ses complices Myriam Meyer et Michèle Petitdant.
Ces tirages ont été réalisés en août 2021 à partir des planches contact originales, en conservant les annotations de l'artiste
à propos du portfolio :
" L'idée de réaliser un portfolio à quatre exemplaires de ces deux séries de "Photopoèmes" de Jean-François Bory m'est venue en découvrant avec stupéfaction les planches contact originales de ces deux actions historiques. Les annotations faites aux crayons de couleur par Jean-François, leur absence d'intention esthétique initiale, tout cela ajoutait selon moi à leur irradiante beauté et simplicité, sorte de versant poétique et intime des actions photographiques des "24 heures dans la vie d'une femme" que Michel Journiac réalisera une dizaine d'années plus tard et publiera chez leur éditeur commun, Arthur Hubschmid.
Il est amusant de constater qu'à 83 ans, Jean-François Bory demeure ce poète-artiste-écrivain-photographe-cinéaste vivant en quasi-clandestinité en France, tandis que ses archives sont désormais conservées à la Beinecke Library (Yale University), à côté de celles de Marinetti, Gertrude Stein ou Henri Chopin, avec lequel il partage une réception "hors-les-murs". Aux USA donc (avec la parution dès 1968 de "Once again", anthologie sur la poésie concrète parue à NY), mais aussi en Allemagne, en Italie - il est l'un des rares français d'avant-garde à avoir été collectionné par Francesco Conz -, ainsi qu'en Angleterre, comme Henri Chopin, Claude Pélieu ou Jean-Louis Brau.
Dans les années soixante, Bory développe sa fibre expérimentale à Londres, avec une série de publications et d' expositions à la Gallery Ten. C'est dans cette même galerie qu'il décide, un jour de 1965, de tenter de rétroprojeter ses poèmes "Spot", "La Peste" ou "Saga" sur le corps de son amie de l'époque, Myriam Meyer. Si précédemment la poésie se faisait "dans la bouche", désormais, elle s'inscrira à même la peau. Il y a dans cette séance toute la force d'une poésie du désir, en chair et en mouvement, où le texte mute en dispositif 3D, selon les courbes du modèle, et bien avant sa clonification. Contrairement à Maurice Lemaître qui, l'année précédente, exigeait des visiteurs qu'ils dessinent sur son propre corps envisagé comme un support créatif, Bory, tel un Gustav Klimt moderne, s'occupe davantage de ses modèles que de son autoportrait, pénètrant par effraction via ses propres textes dans le corps même du modèle consentant.
La page est alors abandonnée à son triste sort de naufrage post-mallarméen, ainsi qu'en témoigne la seconde série de photopoèmes "Quant au livre", réalisée avec Michèle Petitdant. Cette séance aura lieu à Paris, certes, mais dans une librairie-galerie intitulée La Librarie Anglaise... "
Frédéric Acquaviva
Les 24 photographies choisies ont été imprimées en impression jet d'encre au format 40 x 30 cm, sur papier perlé Hahnemühle 285g, et ont été signées et numérotées par Jean-François Bory
Le portfolio a été imprimé à 4 exemplaires
vendus 3 600 €
Parallèlement, a été tiré un ensemble complet des 24 photographies, vendues à l'unité, numérotées A.P. 1/1 vendues 250 € chaque
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